Communiqué – Coronavirus : sortez vos masques ! Oui, mais à quel prix ?

Alors que les indicateurs de propagation du coronavirus montrent une hausse dans l’Hexagone depuis début juillet tandis que les masques, outils de prévention élémentaires  ne sont toujours pas accessibles gratuitement pour une partie de la population, l’association Afrique Afrique s’inquiète de la situation des plus précaires.

Une situation alarmante

Engagée dans la lutte contre le VIH/sida, l’association Afrique Avenir intervient en moyenne quarante fois par mois dans des lieux de vie, de passage et de socialisation principalement fréquentés par les personnes issues des communautés africaines et caribéennes pour sensibiliser et informer sur les thématiques liées à la santé sexuelle et reproductive, mettre à disposition les outils de prévention diversifiée et proposer des Trod VIH. 

Depuis la reprise de nos activités de terrain, nous mesurons jour après jour certains impacts délétères causés par la crise sanitaire, sociale et économique liée à la Covid-19. Les publics accompagnés par l’association vivaient déjà avant la pandémie,  pour la majeure partie d’entre eux, dans des situations précaires. “Le confinement a ajouté de la précarité à la précarité” comme l’a souligné Annabel Desgrées du Loû dans un dossier intitulé « Les migrants dans l’épidémie : un temps d’épreuves cumulées »

Entre faire le tri dans les informations qu’elles reçoivent par différents canaux – principalement via les réseaux sociaux- et trouver les moyens de se procurer des masques homologués à moindre coût, les personnes que nous accueillons dans nos unités mobiles nous font part de leur désarroi. Bien que les gestes barrières soient bien connus et compris de tous et toutes, les conditions de vie de ces personnes ne leur permettent pas toujours de pouvoir les appliquer aisément. Masques abîmés voire usagés dans certains cas, des personnes s’exposent à des risques et exposent aussi les autres par manque de moyens. Malgré les annonces du gouvernement relatives à la distribution de masques aux personnes les plus fragiles, cela reste difficilement applicable pour les personnes éloignées des dispositifs de droit commun. Un grand nombre d’entre elles, n’ont de liens qu’avec les associations communautaires pour avoir accès aux soins. Or, nos stocks actuels de masques ne permettent pas de combler tous les besoins observés sur le terrain. 

L’attention aux plus vulnérables

Nous ne sommes pas tous égaux face au coronavirus. En plus de l’âge et des comorbidités qui sont des éléments déterminants, les États-Unis et la Grande-Bretagne ont permis de documenter la corrélation entre les inégalités sociales, raciales et les risques plus élevés de contracter le virus et d’en mourir (2 à 4 fois supérieurs pour les minorités ethniques et singulièrement les Afro-américains).

On le voit aussi à partir d’indices géographiques à Bruxelles avec le croissant pauvre (particulièrement Anderlecht, commune la plus touchée), en France avec la surmortalité en Seine-Saint-Denis. Enfin, les épidémies touchent certains groupes plus que d’autres ; notamment ceux qui vivent dans la rue ou dans des lieux clos, de la maison de retraite aux prisons en passant par les centres de détention pour étrangers. Ces publics vulnérables et particulièrement à risques doivent faire l’objet d’une attention particulière, nous devons dépasser les grands discours pour passer à des actes forts qui prennent aussi bien en compte la lutte contre l’isolement et la mise à disposition gratuitement des outils de prévention (masques, gels hydroalcooliques etc…). Didier Fassin nous met d’ailleurs en garde face à l’illusion dangereuse de l’égalité devant l’épidémie, car “elle mène à la cécité et à l’inertie là où la lucidité et l’action devraient prévaloir.

S’inspirer de la lutte contre le VIH/sida

Intervenir avec une approche de réduction des risques, placer les individus comme acteur de leur santé avec une stratégie basée sur la confiance en leur capacité d’agir et de faire des choix rationnels pour le bien commun et non sur une politique de la répression pour faire adhérer aux stratégies de prévention. Bannir la culpabilisation et la criminalisation de celles et ceux qui adoptent des comportements à risques. Et impliquer les associations communautaires dans les stratégies gouvernementales de riposte à la pandémie, sont des enseignements fondamentaux tirés de la lutte contre le VIH/sida qu’il est essentiel d’adopter pour faire face à cette crise sanitaire sans qu’une partie de la population soit laissé de côté.

Afrique Avenir appelle les institutions à impliquer davantage les associations communautaires dans la réflexion pour améliorer le pilotage de la politique de lutte contre le coronavirus et de renforcer la prévention et le dépistage auprès des publics les plus fragiles.

Afrique Avenir appelle les pouvoirs publics à mettre à disposition des associations communautaires des stocks conséquents de masques et de gel hydroalcooliques pour permettre aux publics précarisés d’avoir accès aux outils de prévention gratuitement.

Enfin, Afrique Avenir rappelle que la lutte contre le VIH/sida reste une urgence sanitaire et que les financements des associations de promotion de la santé sexuelle et reproductive doivent être maintenus sans condition. 

Contact presse : 

Romain Mbiribindi, Directeur général – romain.mbiribindi@afriqueavenir.fr

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