Alors que le projet de loi bioéthique – qui contient l’ouverture de la PMA à toutes les femmes – sera présenté en Conseil des ministres en juillet prochain, l’association Afrique Avenir appelle les femmes racisées[i] à rejoindre la lutte pour faciliter l’accès à la PMA et en particulier aux dons d’ovocytes[ii] en France des femmes noires.
Faciliter l’accès à l’information autour du don d’ovocytes
En France en moyenne un quart des couples[iii] rencontrent des difficultés à procréer, mais le sujet reste encore tabou. Sur le terrain, nous rencontrons de plus en plus de femmes racisées confrontées à une pathologie nommée « I.O.P » pour insuffisance ovarienne précoce. Leurs ovaires ne fonctionnent plus correctement, ils produisent peu de follicules matures et la qualité de ces derniers est altérée. Leurs chances de concevoir un embryon viable à partir de l’un de leurs ovules sont réduites entre 1% et 5%.
Pour espérer un jour mener une grossesse à terme, elles doivent nécessairement bénéficier d’un don d’ovocyte. Depuis un peu plus de 10 ans, seulement, l’agence de la biomédecine a pour objectif de favoriser l’information et la réflexion autour du don de gamètes. Des campagnes nationales ont vu le jour mais le travail reste encore long pour pallier la pénurie du don d’ovocytes en France et ce, particulièrement pour les femmes noires dans l’attente d’ovocytes issus d’autres femmes noires.
Des explications culturalistes justifiant des politiques non inclusives
Pour certains médecins, les femmes noires ne donnent pas leurs ovocytes car « ça ne fait pas partie de leur culture. » Afrique Avenir refuse ces raccourcis culturalistes, qui servent la plupart du temps à justifier des pratiques médicales peu inclusives vis-à-vis de la communauté afro. Un grand nombre de femmes noires se heurtent, bien trop souvent, à des difficultés dans l’accès aux soins en France. Bien que les obstacles varient d’une personne à l’autre, d’une maladie à l’autre, il y a toujours des dénominateurs communs liés au genre, à la race et à la classe.
Une lutte collective et politique
En France la PMA (procréation médicalement assistée) est prise en charge à 100% sous certaines conditions (refus de la PMA pour les femmes seules et les couples lesbiens). Par manque de donneuses en France, et particulièrement de femmes racisées, beaucoup de femmes noires, sont contraintes de se tourner vers l’étranger pour accéder à une FIV (fécondation in vitro) avec don d’ovocytes. Mais, cela a un coût que peu de femmes peuvent assumer. Association panafricaine et afroféministe qui lutte pour l’accès aux droits et à la santé des personnes issues de la communauté afro vivant en France, Afrique Avenir milite pour que la PMA soit ouverte et réellement accessible pour toutes les femmes. Chaque femme doit avoir le droit de choisir librement d’avoir ou non des enfants, quand, comment et avec qui, qu’elle soit célibataire, en couple lesbien, nécessitant un don d’ovocyte ou non.
La santé des femmes noires compte
Pour ce faire, Afrique Avenir appelle les pouvoirs publics à prendre en compte les spécificités des femmes noires, et à organiser des campagnes ciblées de promotion du don d’ovocytes.
Notre association encourage également les femmes noires à se retrouver en non-mixité[iv] pour échanger librement sur la santé sexuelle et les sexualités, sensibiliser et déconstruire les idées reçues, mais aussi s’emparer de la question du don d’ovocyte en tant qu’enjeu de santé publique, mais aussi de politique et d’émancipation.Nous avons les moyens d’agir et devons le faire par nous-mêmes, pour définir nos propres solutions – loin des stéréotypes associés aux représentations autour des femmes racisées – liées à notre bien-être, à notre santé sexuelle et à notre santé mentale.
La santé des femmes noires compte : organisons-nous !
Pour en savoir plus sur Afrique Avenir, visionnez le spot de présentation
Pour télécharger le communiqué
Contact presse :
Patricia N’depo – Responsable communication
Patricia.ndepo@afriqueavenir.fr
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[i] Racisées : relatif à une personne discriminée à cause de sa race sociale (racisme)
[ii] Technique médicale communément utilisée dans les traitements de PMA
[iii] Étude de l’Inserm parue dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire du 21 février, consacré à l’environnement et l’infertilité.
[iv] Outil militant pour favoriser la libération de la parole, basée sur la stratégie de « la lutte des opprimé.es pour les opprimé.es »