Covid-19

  • Communiqué – Coronavirus : sortez vos masques ! Oui, mais à quel prix ?

    Publié le 07-10-2020

    Alors que les indicateurs de propagation du coronavirus montrent une hausse dans l’Hexagone depuis début juillet tandis que les masques, outils de prévention élémentaires  ne sont toujours pas accessibles gratuitement pour une partie de la population, l’association Afrique Afrique s’inquiète de la situation des plus précaires.

    Une situation alarmante

    Engagée dans la lutte contre le VIH/sida, l’association Afrique Avenir intervient en moyenne quarante fois par mois dans des lieux de vie, de passage et de socialisation principalement fréquentés par les personnes issues des communautés africaines et caribéennes pour sensibiliser et informer sur les thématiques liées à la santé sexuelle et reproductive, mettre à disposition les outils de prévention diversifiée et proposer des Trod VIH. 

    Depuis la reprise de nos activités de terrain, nous mesurons jour après jour certains impacts délétères causés par la crise sanitaire, sociale et économique liée à la Covid-19. Les publics accompagnés par l’association vivaient déjà avant la pandémie,  pour la majeure partie d’entre eux, dans des situations précaires. “Le confinement a ajouté de la précarité à la précarité” comme l’a souligné Annabel Desgrées du Loû dans un dossier intitulé « Les migrants dans l’épidémie : un temps d’épreuves cumulées »

    Entre faire le tri dans les informations qu’elles reçoivent par différents canaux – principalement via les réseaux sociaux- et trouver les moyens de se procurer des masques homologués à moindre coût, les personnes que nous accueillons dans nos unités mobiles nous font part de leur désarroi. Bien que les gestes barrières soient bien connus et compris de tous et toutes, les conditions de vie de ces personnes ne leur permettent pas toujours de pouvoir les appliquer aisément. Masques abîmés voire usagés dans certains cas, des personnes s’exposent à des risques et exposent aussi les autres par manque de moyens. Malgré les annonces du gouvernement relatives à la distribution de masques aux personnes les plus fragiles, cela reste difficilement applicable pour les personnes éloignées des dispositifs de droit commun. Un grand nombre d’entre elles, n’ont de liens qu’avec les associations communautaires pour avoir accès aux soins. Or, nos stocks actuels de masques ne permettent pas de combler tous les besoins observés sur le terrain. 

    L’attention aux plus vulnérables

    Nous ne sommes pas tous égaux face au coronavirus. En plus de l’âge et des comorbidités qui sont des éléments déterminants, les États-Unis et la Grande-Bretagne ont permis de documenter la corrélation entre les inégalités sociales, raciales et les risques plus élevés de contracter le virus et d’en mourir (2 à 4 fois supérieurs pour les minorités ethniques et singulièrement les Afro-américains).

    On le voit aussi à partir d’indices géographiques à Bruxelles avec le croissant pauvre (particulièrement Anderlecht, commune la plus touchée), en France avec la surmortalité en Seine-Saint-Denis. Enfin, les épidémies touchent certains groupes plus que d’autres ; notamment ceux qui vivent dans la rue ou dans des lieux clos, de la maison de retraite aux prisons en passant par les centres de détention pour étrangers. Ces publics vulnérables et particulièrement à risques doivent faire l’objet d’une attention particulière, nous devons dépasser les grands discours pour passer à des actes forts qui prennent aussi bien en compte la lutte contre l’isolement et la mise à disposition gratuitement des outils de prévention (masques, gels hydroalcooliques etc…). Didier Fassin nous met d’ailleurs en garde face à l’illusion dangereuse de l’égalité devant l’épidémie, car “elle mène à la cécité et à l’inertie là où la lucidité et l’action devraient prévaloir.

    S’inspirer de la lutte contre le VIH/sida

    Intervenir avec une approche de réduction des risques, placer les individus comme acteur de leur santé avec une stratégie basée sur la confiance en leur capacité d’agir et de faire des choix rationnels pour le bien commun et non sur une politique de la répression pour faire adhérer aux stratégies de prévention. Bannir la culpabilisation et la criminalisation de celles et ceux qui adoptent des comportements à risques. Et impliquer les associations communautaires dans les stratégies gouvernementales de riposte à la pandémie, sont des enseignements fondamentaux tirés de la lutte contre le VIH/sida qu’il est essentiel d’adopter pour faire face à cette crise sanitaire sans qu’une partie de la population soit laissé de côté.

    Afrique Avenir appelle les institutions à impliquer davantage les associations communautaires dans la réflexion pour améliorer le pilotage de la politique de lutte contre le coronavirus et de renforcer la prévention et le dépistage auprès des publics les plus fragiles.

    Afrique Avenir appelle les pouvoirs publics à mettre à disposition des associations communautaires des stocks conséquents de masques et de gel hydroalcooliques pour permettre aux publics précarisés d’avoir accès aux outils de prévention gratuitement.

    Enfin, Afrique Avenir rappelle que la lutte contre le VIH/sida reste une urgence sanitaire et que les financements des associations de promotion de la santé sexuelle et reproductive doivent être maintenus sans condition. 

    Contact presse : 

    Romain Mbiribindi, Directeur général – romain.mbiribindi@afriqueavenir.fr

  • LGBT+ afros et crise sanitaire du Covid-19 : un lourd tribut à surmonter

    Publié le 17-05-2020

    17 mai 2020 – Journée internationale de lutte contre les LGBTphobies

    COMMUNIQUE DE PRESSE


    La crise sanitaire actuelle augmente la précarité et les LGBTphobies. Cet accroissement des violences auxquelles sont confrontées les personnes les plus vulnérables touchent particulièrement les  minorités sexuelles africaines et afrodescendantes. Dans le cadre de la 17e journée internationale de lutte contre les LGBTphobies, Afrique Avenir alerte sur la situation des personnes LGBT racisées et rappelle sa fonction de lieu ressources en matière de santé communautaire.

    Documenter le vécu des personnes LGBT afros

    En France, malgré une certaine évolution des mentalités au sein des diasporas afrocaribéennes, être noir.e et ouvertement lesbienne, gay, bisexuel.le et/ou transgenre expose davantage aux violences aussi bien dans la sphère privée que dans l’espace public.

    Nous disposons de très peu de données permettant de mesurer l’impact des discriminations croisées auxquelles sont confrontées les minorités sexuelles racisées. Ce manque de données ciblées en matière de plaintes, d’agressions et de témoignages contribue à nier l’existence des personnes LGBT afros et rend difficile le travail nécessaire de recensement, la prise de conscience collective et l’élaboration de politiques publiques adaptées pour lutter contre les LGBTphobies envers les personnes afrocaribéennes.

    Une urgence : la prise en charge de la santé mentale

    Dans le contexte actuel de crise sanitaire, l’isolement et les situations précaires vécues par les personnes LGBT afros sont renforcés. La réduction voire l’arrêt des accueils physiques proposés par les associations sont également un coup dur pour les personnes vulnérables. Pouvoir être écouté.e.s par des profesionnel.le.s de santé formé.e.s se basant sur une approche intersectionnelle, et libérer la parole lorsqu’on se sent prêt.e.s est un enjeu important au sein de nos communautés afros, et particulièrement pour les personnes LGBT.

    A l’instar du  collectif psys noires qui «proposent une permanence d’écoute solidaire encadrée par 10 cliniciennes psychothérapeutes formées à la spécificité de l’écoute psychologique et psychiatrique pour répondre avec bienveillance à la demande des personnes isolées», des espaces communautaires visant à favoriser la libération de la parole autour des violences doivent être conjointement portés par les pouvoirs publics et les associations au même titre qu’un centre de santé communautaire qui permettrait à la fois de proposer une diversité de services en matière de santé (suivi gynécologique, groupes de parole, psychothérapie etc…) et d’assurer un suivi global et pérenne dans un espace sécurisé et bienveillant avec une intention particulière portée aux personnes les plus précaires.

    Lutter contre les inégalités, écouter, soutenir et accompagner

    Pour lutter efficacement contre les inégalités qui produisent des violences, il faut pouvoir les mesurer. Il est encore très difficile en France d’avoir accès à des données nationales reliant santé, contexte social et origines ethniques, alors qu’on sait déjà que ces inégalités se creusent durant la crise sanitaire que nous traversons et qu’elles continueront à s’étendre après la crise.

    Les études et recherches telles que l’afrobaromètre santé 2011 et l’afrobaromètre santé 2016 dans lesquelles se sont impliquées Afrique Avenir ont permis de mieux caractériser les personnes immigrées vivant en France. Ce travail fondamental de recensement et d’analyse est une source d’informations qui permet de structurer et déployer des stratégies adaptées aux personnes migrantes en matière de lutte contre le VIH/sida et les hépatites.

    Dans la lignée des stratégies de santé communautaire soutenues par les pouvoirs publics  mises en place pour accélérer la riposte pour mettre fin au VIH/sida, Afrique Avenir réclame un engagement de l’Etat à la hauteur de la crise sanitaire actuelle pour permettre aux associations communautaires de poursuivre leurs actions de prévention, de soutien et d’accompagnement des personnes les plus précarisées et marginalisées telles que les minorités sexuelles racisées, exilées et migrantes quel que soit leur statut administratif.   

    En cette journée internationale de lutte contre les LGBTphobies, Afrique Avenir salue le travail de terrain d’associations communautaires afros qui agissent souvent avec très peu de moyens dans des contextes difficiles (baisse voire absence de subventions, locaux inadaptés à l’accueil des publics, difficultés à pérenniser des postes et à en créer de nouveaux…) en réinventant de nouveaux modes de solidarités pour soutenir des personnes LGBT des  diasporas afrocaribéennes récemment arrivées en France ou déjà installées depuis des années sur le territoire, et confrontées à différentes formes de violences LGBTphobes.

    Afrique Avenir réaffirme son soutien inconditionnel à toutes les personnes LGBT africaines et afrodescendantes et rappelle que l’association est aussi un lieu d’accueil, d’accompagnement et d’orientation des personnes LGBT.

    Enfin Afrique Avenir a une pensée particulière pour les personnes LGBT africaines et afrodescendantes isolées, en rupture sociale, et pour qui la crise sanitaire actuelle augmente considérablement les difficultés socio-économiques.

    Pour aller plus loin, voici quelques ressources utiles :

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    Pour recevoir toutes les actualités et communiqués d’Afrique Avenir, inscrivez-vous : https://cutt.ly/8yEeej5

    Contact presse :

    Romain Mbiribindi, Directeur général d’Afrique Avenir romain.mbiribindi@afriqueavenir.fr

  • Communiqué – Pandémie de Coronavirus : Où sont passés les scientifiques et les hommes politiques africains ?

    Publié le 07-04-2020


    Au cours d’une séquence diffusée mercredi 1er avril après-midi sur la chaîne LCI, M. Camille Locht, directeur de recherche à l’Inserm à Lille, était interrogé sur des recherches menées autour du vaccin BCG contre le covid-19. Invité en plateau, M. Jean-Paul Mira, chef de service de médecine intensive et réanimation à l’hôpital Cochin à Paris, lui a alors demandé : « Si je peux être provocateur, est-ce qu’on ne devrait pas faire cette étude en Afrique, où il n’y a pas de masques, pas de traitement, pas de réanimation, un peu comme c’est fait d’ailleurs sur certaines études avec le sida, ou chez les prostituées : on essaie des choses parce qu’on sait qu’elles sont hautement exposées. Qu’est-ce que vous en pensez ? » Le chercheur lui a répondu : « Vous avez raison ».


    « Ce qui est fait pour nous sans nous est contre nous »
    Cet échange qui s’est tenu, sans interruption, sur LCI entre un chercheur et un médecin n’est pas anodin. Il met en lumière une certaine forme de paternalisme et de racisme structurel des pays du Nord envers les pays du Sud. En aucun moment au cours de cet échange n’a été évoqué l’implication sur le plan scientifique et politique des Africain.e.s dans ce projet.
    Par conséquent, Afrique Avenir manifeste son indignation et appelle à ce que des mesures concrètes soient prises notamment par les chaînes publiques et le CSA, afin que ces prises de paroles discriminatoires soient condamnées et n’aient plus leur place dans l’espace médiatique.


    Les Etats africains doivent mettre en place et renforcer des organismes compétents et indépendants qui contrôlent tous les essais en toute transparence

    En tant qu’association panafricaine militante qui lutte pour l’accès aux droits et à la santé, Afrique Avenir réaffirme avec force la nécessité d’impliquer le continent dans les recherches biomédicales sur la maladie Covid-19. Il ne s’agit pas de se servir des Africain.e.s comme cobayes mais d’impliquer localement à la fois des chercheurs, des politiques et la société civile dans son ensemble pour répondre à l’urgence sanitaire à laquelle nous faisons face mondialement et qui pourrait avoir un impact catastrophique dans plusieurs pays d’Afrique. Ce
    travail collaboratif doit répondre à des exigences légales et éthiques strictes telles qu’énoncées
    dans la déclaration d’Helsinki et ses amendements ultérieurs1.
    « Ce terreau favorise le contournement des principes éthiques. C’est ainsi que, lors de l’essai
    clinique du Trovan ®, ni les autorités nigérianes ni le comité d’éthique n’ont été consultés, du
    moins formellement, sur l’information donnée aux familles et l’obtention de leur
    consentement. De même, les tests de l’antiviral Tenofovir ® auprès de 400 prostituées
    camerounaises, de juillet 2004 à janvier 2005, ne répondaient pas aux exigences éthiques.
    Cette molécule réduit la transmission du VIS, l’équivalent du VIH, chez le singe. Le fabricant,
    souhaitant vérifier cette propriété chez l’être humain, a choisi une population à risques, les
    prostituées de pays à forte prévalence de VIH, en raison de la probabilité élevée chez ces
    dernières de contracter le virus2. »


    Attention aux fausses informations et discours improductifs


    Toute la polémique qu’il y a eu autour de ces déclarations ne doivent pas créer la méfiance et
    mettre en cause l’efficacité des vaccins qui ont fait leur preuve dans la lutte contre les maladies
    et continuent à sauver des vies dans le monde et la pertinence de la recherche scientifique
    comme moteur du progrès.
    Pour l’inclusion de l’Afrique dans des avancées médicales d’envergures
    Les questions scientifiques dépassent largement le cadre d’un pays et imposent que les Etats
    unissent leur force. L’Afrique doit renforcer son positionnement.
    Le délabrement des infrastructures sanitaires dans la plupart des pays africains fait craindre
    une catastrophe sanitaire si l’épidémie venait à poursuivre sa trajectoire actuelle, comme le
    souligne le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, qui appelle l’Afrique
    « à se préparer au pire ». Dans le cadre de la préparation de la riposte au virus Sars-CoV2, la
    surveillance et la détection des cas de Covid-19 constitue un élément clé pour la préparation
    de la riposte. L’Afd et l’Inserm mettent en oeuvre un dispositif de soutien de 1,5 million d’euros
    qui s’inscrit dans cette réponse et vise à renforcer le dispositif de surveillance, d’alerte précoce,
    de confirmation et de prise en charge des cas de Covid-19 dans 5 pays d’Afrique : le Burkina-
    Faso, la Côte-d’Ivoire, le Gabon, le Mali et le Sénégal.
    Nous attendons l’apport des Africain.e.s avant la mise en oeuvre de ce projet.


    « Après le coronavirus, une autre Afrique est possible et ce n’est pas une utopie.»3


    Cette crise sanitaire, aussi dramatique soit-elle, est aussi une opportunité de résilience
    mondiale, et une incitation à la créativité afin de « co-construire » une Hummanité plus juste
    et plus égalitaire.
    Afrique Avenir appelle donc chaque personne à prendre part à la lutte contre la propagation
    du virus en respectant les gestes barrières, en faisant preuve de solidarité envers les plus
    vulnérables, et en stoppant la diffusion de fausses informations – notamment sur les réseaux
    sociaux.
    Afrique Avenir appelle aussi tous les chefs d’Etats et tous les responsables et autorités
    sanitaires à prendre toutes les mesures nécessaires à la protection des populations, et à agir
    en posant les jalons d’une solide coopération internationale tout en renforçant les capacités du
    Conseil africain de la recherche scientifique et l’innovation (CARSI).


    Contact Presse :
    Romain Mbiribindi,
    Directeur général
    Romain.mbiribindi@afriqueavenir.fr

    Notes :
    1 Ces textes ont pour objectif d’assurer une protection renforcée des personnes se prêtant à la recherche, « l’intérêt des personnes
    qui se prêtent à une recherche biomédicale primant toujours sur les seuls intérêts de la science et de la société » et d’organiser
    un encadrement continu de l’essai.
    2 Jean-Philippe Chippaux, « L’Afrique, cobaye de Big Pharma », in Le Monde diplomatique, juin 2005, p.14
    3 Kako Nubukpo